L'Archéobotanique : dernières acquisitions, nouvelles tendances

L'Archéobotanique : dernières acquisitions, nouvelles tendances


Une plante domestiquée en Méditerranée occidentale : le pavot (Papaver somniferum L.) et sa diffusion en Europe continentale 


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Philippe Marinval (CNRS, Toulouse)


Philippe Marinval(CNRS, Toulouse) a ouvert cette journée d’échange et de réflexions en donnant le ton en présentant une communication sur l’histoire de la domestication à partir d’une espèce particulière le Pavot : « Une plante domestiquée en méditerranée occidentale : le pavot (Papaver somniferum L.) et sa diffusion en Europe continentale ». A partir d’un ensemble de données nouvelles et en reprenant de plus anciennes il repose le problème des centres secondaires de domestication, indépendants de la zone nucléaire proche-orientale et souligne, en rapprochant les données archéobotaniques et archéozoologiques, la partition des zones géographiques européennes en deux grands ensembles, l’Occident et l’Orient. L’Espagne se distinguerait de la France qui se rapprocherait davantage de l’Italie. Il démontre qu’il faut soutenir la collaboration avec les Espagnols et développer la recherche en Afrique du Nord pour répondre aux questions posées.

Croisement des données archéobotaniques en Auvergne :impact de l'Homme sur le milieu en Auvergne

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M.-C. Marinval-Vigne et L. Bouby (MAE, Nanterre, CNRS, Toulouse)

En prenant l’exemple de l’Auvergne, les auteurs ont voulu mettre l’accent sur le fait que les travaux archéobotaniques, même s’ils se multiplient, restent encore beaucoup trop souvent cantonnés chacun dans leur champ disciplinaire. Ils ont tenté, en mettant en relation étroite les informations obtenues par la palynologie et la carpologie, de montrer d’une part la complémentarité des apports disciplinaires et en ont dégagé des réflexions sur les rapports Société/Milieux en prenant l’exemple de quelques espèces végétales comme le Noisetier et le Noyer, les céréales et les Graminées sauvages. L’hypothèse d’une exploitation « raisonnée » de certaines espèces très tôt, indépendamment des domestications proches-orientales est émise.



Histoire de la végétation et anthropisation du milieu dans les fonds de vallées du Périgord 


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C. Leroyer et C. Tixier (CNP, Périgueux et INRAP, Périgueux)


Peu de travaux en fond de vallée ont été réalisés jusqu’à présent en Dordogne. Dans le cadre d’un projet sur le bassin moyen de la Dronne (Dordogne) C. Leroyer nous a présenté les premiers résultats.



La collecte du bois de feu au Paléolithique en France 

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I. Théry-Parisot (CNRS, CRA)


A partir de l’étude anatomique du bois elle tente de répondre à une question importante que nous nous posons : approvisionnement et gestion du combustible bois au Paléolithique. Y avait-il anticipation des besoins et stockage de bois ou bien simplement réponse aux besoins immédiats ? Quelle était la part du ramassage du bois mort ? Par des expériences de carbonisation sur des bois plus ou moins saturés en eau elle étudie les modifications des parois cellulaires afin de pouvoir les comparer avec celles observées dans le matériel archéologique.


Apports des isotopes stables du carbone dans la connaissance de l'exploitation des végétaux par les populations archéologiques


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H. Bocherens (Université de Paris 6)


L’analyse isotopique des os animaux permet d’illustrer les rapports Sol/Plante/Animal/Homme. En étudiant les rapports isotopiques sur du matériel archéozoologique provenant du Jura et daté du Magdalénien final jusqu’au Néolithique moyen, il a pu montrer, par exemple, que la gamme de valeur en c13 du Cerf (Cervus elaphus) est très étendu. Elle va de l’expression d’un milieu clairement ouvert à un milieu fermé. Il montre par-là que le biotope de certains herbivores est plus flexible que ce qui est dit généralement ce qui nous incite à revoir certaines de nos  interprétations.


La production d'anthracorestes dans les incendies actuels en milieu subarctique (Québec nordique) ; application à l'étude anthracologique du site paléolithique ancien de Menez Dregan (Plouhinec, Finistère)


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J.-D. Marguerie et N. Marcoux (CNRS, Rennes)


D. Marguerie a présenté des travaux portant sur l’étude des macrorestes végétaux produits et retrouvés après un incendie naturel en zone subarctique canadienne. Ce sont surtout des aiguilles, cônes ou petites tiges qui s’accumulent au sol et peu de charbon de bois. En appliquant sa méthode d’observation sur un site du Massif armoricain daté du Paléolithique ancien il a proposé l’hypothèse de présence de foyers humains plutôt que d’incendies naturels.



Apports des phytolithes dans l'archéologie agraire en France protohistorique 

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P. Verdin (CRA, Sophia-Antipolis)


Après nous avoir montré que suivant les espèces végétales les phytolithes sont produits dans des parties différentes de la plante (feuille, tige, graine), que leur détermination peut non seulement se faire au niveau spécifique mais aussi de l’organe et peut-être fonction également des conditions hydriques, il nous a montré quelles pouvaient être les applications de cette discipline en Archéologie. Nous pouvons avoir ainsi accès à des données concernant la consommation ou l’utilisation de feuilles ou de tiges jusqu’à présent supposées mais non démontrée. Les phytolithes ne volant pas comme les pollens, ils nous renseignent sur des dépôts locaux.



Premières données sur l'agriculture du Néolithique ancien au Maroc  


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Philippe Marinval (CNRS, Toulouse)


P. Marinval clos cette journée d’étude en présentant les premiers résultats obtenus sur l’agriculture au Néolithique dans le Maghreb. Les résultats sont là encore forts intéressants. La fève est présente dès le Néolithique ancien alors qu’elle était considérée comme arrivant bien plus tard dans le monde occidental. Comme le continent africain n’a pratiquement pas encore été étudié, nous devons nous attendre à devoir modifier nos modèles dans les années à venir.



Plusieurs points ressortent de cette journée :


- la bipartition du monde oriental d’un côté et occidental de l’autre quant aux exploitations de plantes, l’Italie avec l’Adriatique servant de zone limite

- la domestication de certaines espèces indépendamment de l’aire proche-orientale et ce dès le Néolithique ancien

- l’«exploitation raisonnée» voir la domestication d’essences arborescentes ou arbustives à partir du Néolithique ancien voir du Mésolithique

- les possibilités que laissent entrevoir les nouvelles disciplines comme la bio-géo-chimie, l’étude des phytolithes, l’éco-anatomie…

- les bénéfices de véritables échanges interdisciplinaires.

 
Dernière modification : 06/05/2011