L’habitat individuel dense recouvre une grande diversité de formes architecturales et urbaines, de dispositifs et d’agencements spatiaux. A la demande du PUCA (Plan Urbanisme Construction et Architecture), le CSTB a mis en perspective une analyse de cette variété et la manière dont les habitants perçoivent cet habitat, les pratiques qu’ils y développent, la manière dont ils s’y sentent. Le rapport final ouvre des pistes de réflexion pour les aménageurs et les concepteurs de telles opérations.
D’une manière générale, l’habitat individuel dense (HID) est identifié, par les habitants interrogés, comme un habitat où l’on peut se sentir bien, qui peut répondre à leurs propres attentes comme à celles des autres qui y vivent. Parmi les éléments qui contribuent à construire la perception de l’univers dans lequel ils vivent, l’étude met en évidence le caractère structurant des vues : celle que l’on a depuis chez soi, mais aussi celle que l’on a sur la résidence depuis l’environnement extérieur. La "beauté" appréciée n’est pas toujours liée à l’architecture, mais plutôt à un paysage proposé par le concepteur (cité jardin, village), un imaginaire que les habitants se sont appropriés.
L’analyse montre également que la richesse des opérations HID réside dans la profusion des espaces (individuels, semi-individuels, intermédiaires, collectifs, résidentiels) et des dispositifs socio-spatiaux particuliers (accès, escaliers, traitement des seuils, emplacements pour la voiture…). Cette profusion constitue une opportunité formidable pour les habitants, de par les jeux subtils d’usage, de pratiques, d’appropriation qu’elle permet.
Autre enseignement : l’articulation de ces espaces entre eux est fondamentale. Par exemple, le lien entre un jardin privatif et la rue, les espaces collectifs, les autres jardins... Le dysfonctionnement entre les espaces peut générer un sentiment "d’intrusion" qui empêche d’investir son habitat.
Très nettement, l’appropriation du logement passe par le rapport avec l’espace extérieur qui lui est associé (terrasse, jardin). Quand celui-ci, pour différentes raisons, ne peut pas être utilisé, l’investissement est altéré. A l’inverse, plus les pratiques sont développées et variées (embellissement, jardinage, jeux d’enfants, vie relationnelle…), plus l’investissement est important.
L’analyse ne fait pas apparaître d’opposition fondamentale entre la dimension "individuelle" et la dimension "collective" ou "partagée" de l’habitat. Au contraire. Les sites les mieux investis sont ceux où l’on note un "étagement" d’espaces qui assure une transition entre la sphère privée et la sphère résidentielle. Les espaces d’intimité s’articulent avec ceux qui permettent des rencontres souhaitées ou fortuites. Tout l’enjeu est là : favoriser à la fois l’intimité et les interactions sociales, sans créer ni enfermement, ni sentiment de promiscuité.
Les chercheurs du CSTB ont tiré plusieurs enseignements de leurs analyses. Le premier est que la qualité fondamentale de l’habitat individuel dense réside dans les possibilités d’individuation1 qu’il donne. Ce qui permettrait de sortir de l’opposition habitat individuel/habitat collectif pour esquisser une troisième voie qui cumulerait les avantages des deux autres. Selon le constat de l’étude, les opérations HID peuvent effectivement contribuer à de nombreuses opérations d’aménagement comme la restructuration urbaine, à la densification d’îlots, à la requalification d’une friche urbaine ou bien s’intégrer dans des programmes d’extension urbaine. Elles permettent également de diversifier le patrimoine des bailleurs, l’offre d’habitat et les formes d’habitat dans ces différents tissus urbains. Elles paraissent particulièrement adaptées à la densification de tissus urbains intermédiaires de densité moyenne (40 à 60 logements/ha) situés entre le centre et la périphérie.