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Présenté par certains comme une révolution, considéré par d'autres comme une évolution, le BIM, ou modélisation des données du bâtiment en français, fait beaucoup parler de lui ces derniers mois. Son utilisation doit se généraliser dans les marchés publics au plus tard en 2018. Mais si les grands entreprises de construction sont prêtes pour entrer dans cette nouvelle ère, la plupart des acteurs du marché - PME/TPE et maîtres d'ouvrage en tête - semblent encore loin du but. Aux acheteurs publics de s'en emparer, avec clairvoyance, pour déterminer ce que ce nouvel outil numérique peut leur apporter, dans la phase d'exploitation/maintenance en particulier.

Faut-il s’attendre à un véritable BOUM avec le BIM ? Le « Building Information Modelling », autrement dit la modélisation des données du bâtiment, est régulièrement présenté comme un outil incontournable qui va révolutionner le monde de la construction. Mais en creusant un peu, il apparaît que les avis ne sont pas tous aussi enthousiastes et aussi dithyrambiques sur la portée de ce nouvel outil. Car de nombreuses questions et difficultés demeurent en particulier sur la traçabilité des maquettes, leur pérennité dans le temps et leur interopérabilité. Il n’en demeure pas moins que la grande majorité des acteurs du monde de la conception/construction s’accordent pour dire que sa généralisation paraît inéluctable.

Sa généralisation paraît inéluctable

Le grand architecte Franck Gerhy ne travaillerait qu’en BIM depuis des années et l’aurait, dit-on, imposé pour la construction du nouveau musée de la fondation Louis Vuitton. « Le BIM permet de concevoir, de construire et d’exploiter un ouvrage de manière beaucoup plus fiable, plus rapide et à des coûts maîtrisés, explique José-Michaël Chenu, le vice-président d'EGF-BTP. Il offre la possibilité à tous les interlocuteurs impliqués dans une opération d’échanger chaque jour des données, de façon chaînée, et ainsi de mieux suivre et appréhender les projets. On gagne collectivement en compréhension et en maîtrise. On peut aller plus vite avec une plus grande précision d’exécution. »


Le BIM dans les directives marchés
José-Michaël Chenu, vice-président d'EGF-BTP
En matière de commande publique, la maîtrise d’ouvrage ne pourra échapper longtemps au BIM : les directives marchés publics prévoient en effet le recours à la maquette numérique dans son article 22.4 au plus tard le 18 octobre 2018, mais le gouvernement a annoncé que ce serait fait dès 2017 en France : « pour les marchés de travaux publics et les concours, les Etats membres peuvent exiger l’utilisation d’outils électroniques particuliers tels que des outils de modélisation électronique de données du bâtiment ou des outils similaires. Dans ce cas, les pouvoirs adjudicateurs offrent d’autres moyens d’accès, selon les dispositions du paragraphe 5, jusqu’à ce que ces outils soient devenus communément disponibles au sens du paragraphe 1, premier alinéa, deuxième phrase.  » Quelques personnes publiques se sont déjà lancées dans l’aventure. C’est le cas de l’OPAC Habitat 76 :

Quelques personnes publiques se sont déjà lancées dans l’aventure

« Nous avons testé le BIM sur quatre de nos consultations depuis 2012 et nous avons décidé de le généraliser à tous nos marché depuis janvier 2015 qui sont passé sous forme de conception-construction », informe Philippe Cottard, sous-directeur d’Habitat 76, en charge du développement et de la production. Pour ce dernier, « la conception est plus aboutie grâce au BIM, les différents métiers de l’ingénierie collaborent davantage et ça évite les mauvaises surprises comme par exemple des demandes de révision des plans ou des prix par les bureaux d’étude en fin de conception. » Surtout, « on récupère un dossier d’ouvrage exploitable une fois la construction terminée. » Reste que pour profiter des fruits de la maquette numérique, l’office public a du s’équiper « d’ordinateurs ultra-performants et de logiciels de contrôle de conception », reconnaît Philippe Cottard.

Un marché qui manque de maturité
La maîtrise du BIM  nécessite en effet de solides connaissances : « On estime que pour un marché d’environ un million d’euros, la modélisation numérique mobilise pour son exploitation une personne à temps plein. Son vrai coût, c’est la formation qu’il demande puis sa prise en main pour le maîtriser parfaitement. Cela peut tourner autour de 100 000 euros », argue José-Michaël Chenu. Sans surprise, les entreprises générales, armées pour relever ce genre de défi, sont prêtes à entrer dans l’ère de la modélisation numérique des données.

Le BIM n'est pas une révolution, c'est une évolution forte

« Si toutes nos entreprises n’ont pas la même culture, les mêmes structures d’ingénierie ni la même maturité sur le sujet du BIM, elles ont accumulé de l’expérience, un savoir-faire et ont un certain recul », assure le vice-président d’EGF-BTP. Mais qu’en est-il des PME/TPE et des artisans qui peuplent les marchés allotis ? « Le marché n’est clairement pas prêt », commente Denis Dessus, le vice-président du Conseil national de l’ordre des architecte (CNOA), lequel se montre beaucoup plus tempéré sur les avancées qu'apporte le BIM : « cet outil n’est pas une révolution, mais une évolution forte. Je trouve qu’on met la charrue avant les bœufs, argue-t-il. Le CNOA a mis en place plusieurs groupes de travail sur le sujet et a pu constater que, pour le moment, c’est le vide intersidéral quand on questionne les maîtres d’ouvrage et les sociétés d’exploitation/maintenance sur leurs attentes. Une maquette « Bimée » en exploitation/ maintenance, ça va être difficile à définir. Or, c’est dans cette partie que la maîtrise d’ouvrage peut trouver le plus grand intérêt au BIM, juge l’architecte. En outre, il va falloir une traçabilité parfaite pour les besoins de la propriété intellectuelle et la définition des responsabilités des différents intervenants sur le plan de la sinistralité. Sans parler de l’interopérabilité des fichiers. Des questions demeurent et les Anglo-Saxons, qui sont un peu plus en avance que nous sur ce thème, rencontrent les mêmes difficultés. Les fichiers doivent pouvoir rester exploitables bien des années après la construction d’un bâtiment. » Chez Habitat 76, c’est le standard IFC, une norme iso en mode objet, qui a été choisi.

Gare à la restriction de concurrence
Denis Dessus, vice-président du Conseil national de l’ordre des architecte (CNOA)
« Les acheteurs doivent faire attention, prévient Denis Dessus. Tout le monde n’est pas au même niveau de maîtrise et d’équipement. L’exiger peut conduire à une restriction de la concurrence. Il n’y a que les gros du BTP qui peuvent y répondre aujourd’hui. La maîtrise d’ouvrage doit réfléchir à l’intérêt de lancer une procédure « bimée » et à son usage en phase d’exploitation. Que veut-elle en faire et pourquoi en a-t-elle besoin ?» D'autant que faire appel à la maquette numérique induit une modification des missions de la maîtrise d'oeuvre et donc un surcoût qui sera forcémment répercuté... 

Tout à fait adapté à la loi MOP

« Le BIM est plutôt destiné à des projets complexes, ajoute Denis Dessus. Mais il est tout à fait adapté à la loi MOP, contrairement à ce que certains affirment. C'est un outil. Rien n’empêche de l’utiliser en MOP. » Un point de vue partagé par EGF-BTP, mais pas par Cobaty Paris Rive Gauche, une association de réflexion sur la construction, l’urbanisme, l’environnement et le cadre de vie, qui considère que cette loi ressemble « à un outil de l’ancien temps » et n’est pas adapté, du fait de son séquençage des tâches, au BIM, basé sur un travail en mode collaboratif.

© achatpublic.info Par : Mlle Sandrine Dyckmans

   

 

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