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Mission d'APP sur les archives de l'Aisne pour ITAQ Actualités Jeremy Rifkin fait la troisième révolution industrielle chez les Chtis

(c) Liberation


INTERVIEW Le futurologue américain prône une troisièmerévolution industrielle liant transition énergétique et technologies del’information.


Par LÆTITIA MAILHES Correspondance en Californie


Président de la Fondation pour les tendances économiques(Foet), l’essayiste américain Jeremy Rifkin estime que l’Europe, France etAllemagne en tête, est la mieux placée pour dominer une économie postcarbone dontil dessine ici les contours.

Selon vous, une troisième révolution industrielle est enmarche. Pourquoi et que va-t-elle changer ?

Les grandes révolutions économiques interviennent toujours àla convergence de deux phénomènes. D’une part, l’émergence d’une sourced’énergie qui accroît la complexité des relations économiques. D’autre part,une révolution des modes de communication qui permet de gérer cette complexité.Au XIXe siècle, la machine à vapeur a transformé l’imprimerie et laprolifération de l’imprimé a permis l’instauration de l’éducation publique.Au XXe, l’électricité, le téléphone, la radio et la télévision ont donnénaissance à la société de consommation. Mais via des systèmes très centralisés.

Aujourd’hui, avec Internet et les énergies renouvelables,nous sommes à l’aube d’une troisième révolution industrielle marquée par ladémocratisation totale des communications et de l’énergie. Deux systèmesdécentralisés et collaboratifs, régis par une logique de croissance non plusverticale et hiérarchisée, mais latérale. Le nouveau paradigme est celui del’économie distribuée, où l’entrepreneuriat est à la portée de chacun.L’impression 3D nous laisse imaginer ce que sera l’appareil de productiondécentralisé du XXIe siècle. Cela va remettre en cause profondémentl’ordre établi capitaliste hypercentralisé du siècle dernier.


Que dire aux tenants de cet ordre établi ?

Le système actuel est cassé. Notre économie du carbonemenace la pérennité des écosystèmes naturels dont nous dépendons. Le coût deproduction des énergies fossiles ne cesse de croître. Les infrastructures sontvieillissantes. Parallèlement, des millions de foyers et d’entreprisesproduisent déjà leur propre énergie, et leur nombre croît à mesure que le coûtdes infrastructures diminue. Or celui-ci va baisser de plus en plus, comme celas’est passé pour les ordinateurs. Imaginez ce que cette énergie bon marché,abondante et produite à demeure va permettre, quand on sait que l’efficacitéthermodynamique compte pour 84% de la productivité de nos économiesindustrialisées !

Aussi, notre message aux gros distributeurs de gaz etd’électricité est : au lieu de vendre autant d’électrons que possible,facilitez le déploiement du nouveau réseau énergétique décentralisé. Etpayez-vous en facturant sa gestion et en prélevant un pourcentage sur leséconomies réalisées par vos clients.


Les politiques ont-ils conscience de cette révolution del’énergie décentralisée ?

Les 27 membres de l’Union européenne se sont engagésen 2007 à bâtir les cinq piliers nécessaires à son développement. Asavoir : atteindre 20% d’énergie renouvelable d’ici à 2020, décentraliserl’infrastructure énergétique en facilitant la création d’innombrablesminicentrales électriques grâce au solaire, à l’éolien, au géothermique, à labiomasse, etc. Troisièmement, investir dans les technologies de stockageet donner la priorité aux piles à hydrogène. Créer un Internet de l’énergiepour transformer le réseau électrique centralisé actuel en une toile demicroacteurs qui peuvent vendre et acheter leur électricité grâce auxtechnologies de l’information. Et, enfin, électrifier les transports, y comprisles voitures individuelles, rechargeables sur ce réseau décentralisé. Rien nese produira si ces cinq piliers ne sont pas développés simultanément.

Nous avons évalué que la «Feuille de route vers une économieà faible intensité de carbone à l’horizon 2050» de la Commissioneuropéenne nécessitera un investissement annuel des secteurs public et privé de270 milliards d’euros, soit 1,5% seulement du PIB de l’Europe. J’espèreardemment que l’UE et la Chine, qui a officiellement adhéré aux principes de latroisième révolution industrielle, feront mieux que les Etats-Unis. BarackObama y a encouragé des initiatives isolées, sans projet global : il n’enest rien sorti.


Où en est la France ?

Je conseille la région Nord-Pas-de-Calais pour établir safeuille de route et je suis en pourparlers avec quatre autres régions.J’ai passé beaucoup de temps en France ces derniers temps à discuter avec lesautorités publiques, le secteur privé et la société civile. Mon sentiment estque la situation évolue beaucoup plus vite chez vous que je ne l’avais imaginé.Je n’aurais pas dit cela il y a deux ans. Au niveau local, on veut allerde l’avant et on ignore les clivages politiques. Les moins de 40 ans, enparticulier, sont mûrs pour un vrai changement économique, social et politique.Ils en ont assez de cette crise qui les laisse impuissants. A l’échellenationale, la France, comme l’Allemagne, maîtrise mieux que quiconque lestechnologies de l’énergie et des logistiques de transport.

Ces deux pays ont donné naissance à l’Europe grâceau pacte sur l’acier. Ils ont aujourd’hui les moyens d’offrir un secondsouffle au rêve européen. Les chefs d’entreprise avec qui je parle comprennentcela. Par exemple, Bouygues vient de transformer son siège parisien, la tourSequana, en un modèle de minicentrale électrique solaire. C’est prometteur.


Etes-vous optimiste ?

Je le suis prudemment. J’observe une évolution encourageantedes mentalités. Mais il faut faire cette troisième révolution industriellemaintenant. Je ne sais pas si nous en serons capables à temps. Nous devonsd’abord élargir notre conscience collective à la biosphère. Je ne vois pas deplan B. Si nous loupons le coche, si nous jouons de malchance, noussignerons notre extinction future au cours de ce siècle

 

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